Vous avez sûrement déjà entendu parler du « stream ripping ». Vous l’avez peut-être même déjà utilisé.

Le stream ripping consiste à utiliser des logiciels gratuits ou des services en ligne afin de télécharger, via des plateformes de streaming vidéo ou musical, une musique. Le procédé est simple. La plupart du temps, il suffit de copier-coller le lien qui sert habituellement à partager ses chansons favorites sur les réseaux sociaux et d’appuyer sur le bouton « télécharger ». Et hop ! Le tour est joué. Nous voilà avec le mp3 de notre choix dans notre bibliothèque iTunes.

Dans une étude IPSOS, rendue publique par l’IFPI (Fédération internationale de l’industrie phonographique), le stream ripping est pointé du doigt. L’étude a été menée dans 13 pays différents (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Espagne, Italie, Suisse, Australie, Japon, Corée du Sud, Brésil et Mexique) sur une population âgée entre 16 et 64 ans, afin de déterminer les usages de consommation de la musique en 2016.

1 JEUNE SUR 2 A RECOURS AU STREAM RIPPING

On y apprend que 30% des internautes se seraient adonnés au stream ripping sur les 6 derniers mois et que 49% d’entre eux auraient entre 16 et 24 ans ; tandis que les 25-34 ans seraient de 40%.

Notons ici que sur la population des 16-24 ans, l’usage du stream ripping est particulièrement en vogue, passant de 41% en 2015 à 49% en 2016.

Selon l’étude, « avec l’augmentation des services de streaming, les comportements de piratage se sont détournés des méthodes « traditionnelles » de téléchargement vers le stream ripping, qui est devenue la méthode de téléchargement la plus utilisée de nos jours ».

YOUTUBE, UN TERRAIN DE JEU IDÉAL

Qui n’a jamais utilisé YouTube pour écouter une musique en ligne plutôt que de se rendre sur un autre site de streaming musical ?

Toujours d’après le rapport de l’IFPI, YouTube, avec ses quelques 1 milliard d’utilisateurs, est le site le plus utilisé au monde pour la consommation de musique en ligne.

82% de la population interrogée l’utilise pour écouter de la musique en ligne ; avec un pic de 93% pour les 16-24 ans. Et, à la différence des plateformes streaming classiques, 81% des utilisateurs de YouTube y vont pour écouter de la musique qu’ils connaissent déjà.

Pour les artistes comme pour les labels, il est donc difficile de ne pas asseoir sa présence sur ce réseau social devenu aujourd’hui incontournable et générant des centaines de milliers (voire des millions) de vues.  Ainsi, il n’est pas rare d’y retrouver des albums complets, fraîchement sortis « dans les bacs », voire même des titres mis en ligne en exclusivité.

C’est dans ce contexte que de nombreux sites de stream ripping ont commencé à fleurir sur la toile : YouTube-MP3, TubeNinja, Convertisseur-YouTube, Youzik, et TubeOffline pour ne citer qu’eux.

QUEL IMPACT SUR L’INDUSTRIE MUSICALE ?

Grâce au streaming payant, l’industrie musicale avait réussi à tirer son épingle du jeu et commençait tout juste à se porter mieux.

Ce regain d’assurance est-il menacé par ce nouveau mode de piratage qu’est le stream ripping ? Et d’ailleurs, pouvons-nous appeler cela du piratage, comme le sont les techniques de téléchargement en torrent ?

En effet, se pose la question de l’exception de la copie privée, exception au droit d’auteur. Rappelez-vous, pour ceux qui ont eu le loisir de grandir dans les années 90, le doigt prêt à dégainer la touche « REC » de votre radiocassette à l’écoute de votre radio FM préférée afin de saisir LA chanson du moment, celle qui vous fait vibrer et que vous voulez pouvoir écouter en boucle dans la voiture.

Face à la grogne des acteurs de l’industrie musicale à l’égard de ce manque à gagner, les sites/logiciels de stream ripping se définissent comme étant les magnétophones d’autrefois, les radiocassettes d’antan qui nous permettaient d’enregistrer le contenu que l’on souhaitait et font appel à l’exception de la copie privée pour justifier leur existence.

Nous réalisons qu’il existe ici un vide juridique sur l’utilisation de ces derniers et le débat entre tous ces acteurs risque d’être assez houleux.

… Affaire à suivre donc.